La galerie

 
La galerie restaurée
©Ville de Montivilliers
Comme la plupart des cimetières médiévaux, l'Aître de Brisgaret est composé de plusieurs éléments distincts essentiels au fonctionnement du cimetière: la chapelle, le charnier et la galerie-ossuaire.

La particularité du site montivillon est de ne posséder qu'une seule galerie fermant le cimetière à l'ouest. Depuis la porte gothique marquant l'entrée actuelle de l'Aître, elle s'étend sur 36 mètres jusqu' à la chapelle. Prenant appuie sur le mur de maçonnerie elle repose de l'autre côté sur 16 piliers de bois sculptés. Son authentique charpente à chevron ferme en chêne du XVIe siècle s'apparente à celle de la nef de l'église abbatiale de la ville.

A droite de l'entrée une ébauche jamais achevée atteste de la volonté de créer une seconde galerie.

Vue aérienne de l'Aître de Brisgaret en 2012
Vue aérienne de l'Aître de Brisgaret en 2012 ©Ville de Montivilliers

La galerie - ossuaire

Situé au centre du cimetière le charnier est une terre sacrée dans laquelle sont creusées les fosses communes. Les corps y sont inhumés recouverts de chaux vive afin d'en accélérer la décomposition. La terre des fosses - "champ des morts" - est régulièrement retournée et les ossements récupérés sont placés dans l'ossuaire situé sous la charpente de la galerie.

Charnier du cimetière des Saints Innocents à Paris
Charnier du cimetière des Saints Innocents à Paris (date inconnue)


ouverture des combles de la galerie de Brisgaret
Les lucarnes de la galerie
©Ville de Montivilliers
Les lucarnes permettant de glisser les ossements sont toujours visibles sur la galerie contrairement au plancher de séparation de l'Aître de Brisgaret.  Libre de tout système de fermeture les combles étaient ouverts à tous les vents. Grâce à cette ventilation naturelle les ossements étaient rapidement desséchés et réduits à l'état de poussière.



Lors de la restauration de la charpente des ossements et des cranes ont été découverts entre les poutres. Ils ont été remis à leur emplacement à l'issue des travaux.


La galerie - espace public

Enterrement: miniature du XVe siècle
Enterrement: miniature du XVe siècle (France)
En dehors de son usage d'ossuaire la galerie est le théâtre de la vie quotidienne à Montivilliers au XVIe siècle. Elle sert à protéger les fidèles venus prier pour leurs défunts mais c'est aussi un haut lieu de la sociabilité médiévale. A une époque où la mort est omniprésente, les vivants vivent au contact des morts, n'hésitant pas à partager avec eux leurs activités et leurs émois.

Le cimetière est alors un lieu très représentatif de cette sensibilité qui n'aura pas d'équivalent par la suite, le rapport au mort évoluant vers une dévotion déférente. Sous les galeries on vient jouer, écouter les prédicateurs, regarder les amuseurs publics et faire des affaires auprès des camelots qui tiennent boutique le long du mur.


Un document conservé à la bibliothèque municipal Condorcet relate les événements festifs qui se déroulèrent à l'occasion de la procession du Saint Sacrement en 1537. En marge de la cérémonie,  il est fait notamment état d'un feu de joie à l'entrée du cimetière de "plusieurs danses à son de tabour et cornemuse".

Rappelons également qu'à cette époque les cimetières comme les églises sont des espaces sacrés où tout à chacun peut trouver asile et bénéficier de l'immunité octroyée par la juridiction de l'Eglise. Les criminels se mêlent à  la foule qui déambule quotidiennement dans les lieux.

Gravure de bateau sur le mur de galerie
©Ville de Montivilliers
Les nombreux graffitis présents sur le mur de la galerie témoignent de cette vie animée. Villageois, pèlerins et voyageurs n'hésitent pas à y graver les traces de leur passage: calvaires, moulins, navires, rosaces et épitaphes sont autant de messages délivrés sur la piété populaire.